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Reporters sans frontières lance Svoboda, un bouquet d’une dizaine de chaînes et de radios, pour contrer la propagande russe

Voice of America ou Radio Free Europe émettaient de l’Ouest vers l’URSS pendant la guerre froide. Désormais, il va falloir se familiariser avec Svoboda, « liberté » en russe. Reporters sans frontières (RSF) a officiellement lancé, mardi 5 mars au Parlement européen, le bouquet satellitaire Svoboda, qui rassemble une dizaine de chaînes et de radios russophones indépendantes. Celles-ci émettent d’Europe grâce à l’un des satellites de télécommunication d’Eutelsat vers la Russie, la Biélorussie ou encore des territoires d’Ukraine occupés par l’armée russe.
« Il faut inverser la logique de la propagande et proposer à une audience russophone l’accès à des chaînes de télévision et de radio où prévaut le journalisme indépendant, sérieux, fondé sur les faits », explique Christophe Deloire, secrétaire général de RSF, venu présenter cette « initiative pionnière pour le droit à l’information » en Russie.
« L’accès à des sources d’information indépendantes et diversifiées est fondamental pour le fonctionnement des sociétés démocratiques », rappelle Vera Jourova, la vice-présidente de la Commission européenne chargée de l’Etat de droit. Bruxelles soutient le projet, sans engager toutefois le budget européen dans l’initiative. « Le bouquet satellitaire Svoboda rejoint l’engagement de la Commission européenne en faveur du pluralisme des médias et de la liberté d’information », souligne Mme Jourova.
La genèse de cette initiative remonte à mars 2022, après l’invasion russe de l’Ukraine, quand Jim Phillipoff, patron d’un média ukrainien, publie un article demandant qu’Eutelsat remplace les bouquets satellitaires russes de NTV et Trikolor, qui relaient la propagande du Kremlin, par des chaînes russophones indépendantes.
Le projet est vite repéré et soutenu par André Lange, cofondateur du Comité Diderot – un collectif de chercheurs, d’avocats et de journalistes –, qui milite pour qu’Eutelsat cesse la diffusion des bouquets russes. « Deux ans plus tard, nous y sommes », se réjouit M. Lange. « On poursuit le travail de Radio Free Europe de la guerre froide », ajoute Jim Phillipoff, qui pilote depuis janvier le développement de Svoboda.
Le choix du satellite, quoique onéreux, s’est imposé rapidement, car il est de plus en plus difficile d’utiliser Internet pour émettre en Russie, qui filtre et censure l’ensemble des contenus. De plus, l’utilisation d’un satellite d’Eutelsat doté d’une technologie antibrouillage est apparue comme la meilleure des solutions pour atteindre un public russe.
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